Post it 2024

Avertissement

Cette section comprend tous nos post it rédigés en 2023, plus ou moins dans l'ordre chronologique, en fonction de ceux restés plus longtemps sur la page d'accueil.

Bonne lecture!

Christophe Chazalon

Cabo Verde: quand l'inculture paysanne devient un danger pour la biodiversité (2023)

Ce 29 janvier 2024, qu'elle n'est pas notre surprise en lisant l'article de Carina David, "Reportagem / São Vicente: agricultores do Calhau pedem fim da espécie acácia por absorver a água para cultivo", publié en ligne sur le site d'Inforpress.  (web) Ce reportage montre à quel point la bêtise humaine peut être grande (et dangereuse) faute à une absence d'éducation scientifique.

"O apelo foi lançado à Inforpress por um dos mais antigos agricultores do vale do Calhau António Fortes, que afirmou que a multiplicação dessas espécies tem preocupado os agricultores porque, além de consumir muita água, servem de ninho para albergar pragas como gafanhoto, que dizimam o cultivo." 

En une phrase, la messe est dite et nous rappelle le massacre du Kantõ du 1er septembre 1923, au Japon. Au lendemain d'un fort séisme de 7,9 sur l'échelle de Richter qui fit 105'000 morts, la panique s'empare des habitants et se transforme en un épisode d'une rare violence, soutenu par les autorités. Des centaines de Coréen(ne)s sont massacrés à l'aide de râteaux d'acier, de pioches, de lances de bambou, de sabres, juste parce qu'ils/elles sont Coréen(ne)s. (web)
Le vieil agriculteur de Calhau ne fait pas mieux avec ses idées préconçues et fallacieuses.

Non! Les acacias ne prennent pas les 2/3 de l'eau souterraine en laissant le tiers restant à l'agriculture. C'est une croyance populaire stupide qui m'avait déjà choqué durant ma résidence au Cabo Verde. Les arbres sont en fait d'incroyables régulateurs et réparateurs des écosystèmes. Ils sont tellement puissant qu'ils sont capables de transformer un micro climat. Au Cabo Verde, si vous allez en montagne du côté de Corda, sur l'île de Santo Antão, où prolifèrent les conifères à la suite d'une vague de plantation massive voulue par le Gouvernement de l'époque, vous vous apercevrez d'un phénomène étrange. La zone se trouve être juste celle des nuages et si vous regardez le sol, le goudron de la route, le ciment des murets, vous verrez que là où il y a un conifère qui croît, la zone est humide, et juste à côté, là où les ramures de l'arbre ne recouvrent pas le sol, tout est sec. Mais vous trouverez nombre de paysans de la montagne pour vous expliquer que les arbres prennent l'eau nécessaire à leur culture et qu'il faut les couper. Cherchez l'erreur.
Les paysans de Calhau font de même. Leur approche, qui n'a rien de scientifique, tout juste empirique, est simple: il n'y a pas d'eau à disposition car la sécheresse perdure, mais les acacias ne meurent pas, voire prolifèrent. Donc les acacias pompent l'eau au détriment du reste des plantes. CQFD ! Et en utilisant la méthode Coué, comme notre paysan de la vidéo Inforpress ci-dessus, "acácia seca aguá, ma acácia seca aguá, ma acacia seca aguá..."
Savent-ils nos bons paysans cultivateurs à la culture limitée simplement comment fonctionne un arbre? Un graine dans la terre germe, une feuille apparaît, puis une autre, puis une tige, puis tout ça grandit et hop, un arbrisseau, et hop, un arbuste, et hop un arbre si une chèvre n'est pas venue se repaître entre temps. Et puis les arbres, souvenirs lointains d'école, y a de la chlorophylle et ça fait de la photosynthèse. Et puis les feuilles tombent, enfin pour les caduques, les sapins, eux, ça tombe pas. Et puis encore... euh!... Silence.
Un arbre c'est bien plus que cela. C'est une ingénierie incroyable dont ignore encore grand nombre d'action et qui peut vivre des milliers d'années (un des plus vieux connus à... 9'500 ans). Un arbre, ça transforme l'énergie du soleil en sucre (la fameuse photosynthèse). Un arbre, c'est une pompe à eau prodigieuse, un peu comme le système sanguin humain, sauf que si chez l'homme la pompe est le coeur, chez l'arbre, eh bien, on n'en sait rien. Certains parlent de pression et de capillarité, mais d'autres réfutent. On cherche encore. Un arbre peu remonter "200 litres d'eau par jour et ceci à une hauteur de 30 ou 40m" (web) Mais plus qu'une pompe, un arbre c'est un régulateur d'eau de l'écosystème environnant. Très peu de gens le savent, mais un arbre fait des réserves d'eau (les Baobab sont des génies en la matière) afin d'en avoir en suffisance. Plus le milieu est aride et sec, plus ils sont parcimonieux. Un peu comme les humains: les riches Américains ou Européens consomment et gaspillent s'en compter, alors que les peuples du Sud, comme les Cabo-Verdiens, utilisent au maximum ce qu'ils ont à disposition (enfin les anciennes générations et les plus pauvres,... le monde change). Le stock se fait dès que de l'eau est à disposition, mais une fois ce stock fait, l'arbre s'arrête de puiser autour de lui. Au contraire même, il redistribue. La symbiose avec les champignons est un autre élément fascinant. Il y a de multiples échanges qui se font entre l'arbre et les champignons qui décident de se développer avec lui. Les champignons se font même la guerre entre eux. Mais les champignons peuvent aussi être un danger si l'arbre est blessé, en l'attaquant au plus profond du bois. Donc tout cela est un équilibre. Dire comme les cultivateurs de Calhau que les arbres prennent toute l'eau ou presque est donc une imbécillité du monde paysan qui parle sans savoir ("ma acacia seca aguâ", pas vrai?), qui imagine beaucoup et qui en fin de compte nuit par son action à la biodiversité et aux écosystèmes locaux. Tout cela parce qu'ils sont mal informés, ils sont livrés à eux-mêmes, ils ne sont pas aidés. Ce n'est pas tant l'ignorance des paysans qui est à blâmer, mais bien plutôt le manque de considération dont ils font l'objet.

En fait, si on revient à nos acacias de la discorde, il en existe plusieurs variétés et en plus, il y a les "vrais" et les "faux" acacias. Tous ont des propriétés intrinsèques. Mais à la lecture de travaux scientifiques, on s'aperçoit que généralement les acacias sont positifs pour les écosystèmes en milieu désertique. C'est d'ailleurs pourquoi ils ont été choisis au Cabo Verde, juste au cas où pour notre cher M. Fortes ! Il suffit de lire le rapport de la FAO (web) qui décrit les différents types d'acacias et les choix qu'on peut opérer en fonction du type d'habitat et de ce que l'on veut en faire. Bien sûr si vous voulez cultiver sous un acacias, peu de chose poussera, parce que les ramures  auront invité l'eau à couler par le tronc en protégeant le sol, et l'arbre aura puisé cette eau tout autour du tronc et aussi loin que portent ses racines. et aussi parce que les acacias produise des substances chimiques qui empêchent les autres plantes de pousser, tout comme les conifères. Sont-ils nuisibles pour autant? Absolument pas. Malheureusement leur travail n'est pas visible à l'oeil nu de paysan. Mais, avec l'aide des champignons, il y a une véritable distribution des énergies et matière au niveau du sol qui profite à toute la végétation alentours. Il serait trop long ici de donner un cours de botanique, même si ce serait une excellente chose, plus qu'utiles. On renvoie à l'un des meilleurs livres que nous ayons lu ces dernières années: Peter WOHLLEBEN (2015), La vie secrète des arbres, ce qu'ils ressentent, comment ils communiquent, Paris: Éditions Les Arènes, 12/2018, 261 p. C'est un livre facile à lire, facile à comprendre, simple et généreux, en un mot "passionnant", et c'est d'ailleurs pourquoi ce livre est un best seller

Quoi qu'il en soit, la particularité première des acacias est qu'ils résistent extrêmement bien à la chaleur et pour ce faire, ils ont des racines qui plongent profondément. En cela M. Fortes a raison. Mais comme le conclut Frederic Do et al. pour l'Acacia tortilis, non seulement "son fonctionnement permet une production de feuillage et de gousses précieuses pour l'alimentation du bétail en saison sèche et laisse supposer une faible compétition avec la strate herbacée en saison des pluie", mais en plus "trois éléments fondamentaux d'adaptation sont à retenir: des prélèvement hydriques profonds, une consommation en eau particulièrement faible et une certaine optimisation du rapport assimilation photosynthétique / transpiration, puisque les échanges gazeux foliaires les plus importants se réalisent dans les saisons où les pertes potentielles en eau sont les plus faibles."  (web) On est donc très loin de la vision des "agriculteurs" de Calhau, n'est-il pas?

L'Acacia radiana (sous variété du tortilis) est aussi un petit miracle végétal. Édouard Le Floch'h et M. Grouzis montre que c'est un arbre des zones arides à usages multiples.  Il sert de bois de chauffe, à l'alimentation animale et humaine aussi en temps de disette, ainsi qu'à l'artisanat, voire de plantes médicinales cicatrisantes. Les conclusions d'une de leurs études sont:

  • "la relative facilité de multiplication de ce taxon, dont le taux de survie au Sahel a été évalué à 44%, ce qui constitue un taux de survie supérieur à celui des autres espèces exotiques et indigènes;
  • ses particularités adaptatives aux conditions sèches: longueur du système racinaire, réduction des besoins en eau du fait de la faible surface foliaire, fonctionnement hydrique." (web)
Ah, mais suis-je bête, comment est-ce possible alors que les acacias du Cabo Verde pompent 2/3 de l'eau disponible? 
Au contraire des blablablas du vieil agriculteur qui ne croit que ce qu'il voit et estime être le Vrai, en octobre 1994, Annie Bouguerra proposait un article sur les Acacia albida, ces "arbre miracle du Sahel", intitulé "Les acacias du Sahel, un espoir pour l'agriculture". (web) "Mais non? C'est n'importe quoi? Les acacias, il faut les couper, ça sert à rien, ça épuise les réserves d'eau et empêche l'agriculture de prospérer. Elle y connaît rien la Bouguerra. Peut-être parce que c'est une femme?", dixit les vieux paysans du Calhau cabo-verdien. Ils le savent bien, eux, et puis, l'agriculture, c'est une histoire d'homme. Les femmes, c'est bon pour la vente, ça n'y connaît rien aux cultures.
Bon, ben, je sais pas moi. Qui croire? Les populistes de l'agriculture ou les scientifiques de l'ORSTOM de Dakar qui ont révélé l'existence, autour des racine de ces Acacias albida, d'importantes populations de bactéries symbiotiques fixatrices d'azote, et ce jusqu'à 35m de profondeur! Plus encore, les mêmes scientifiques et ceux de l'INRA de Dijon et du laboratoire de phytonique de l'Université d'Angers, "ont mis en évidence une autre forme de symbiose: les mycorhizes, qui résultent de l'association entre les champignons vivant dans le sol et les racines des plantes. Chez l'acacia, cette symbiose existe depuis le niveau superficiel du sol jusqu'aux nappes phréatiques profondes; cette extension exceptionnelle est une nouveauté" et un gain appréciable. Certes, les mycorhizes, ça parle pas à M. Fortes et consors. Les champignons, c'est mauvais, ça moisit, faut employer des fongicides et c'est cher. Et puis, il peut pas y en avoir, car les champignons ça a besoin d'eau et les acacias, ça pompe toute l'eau... On adore la culture populaire !
Juste pour conclure avec Annie Bouguerra, elle précise:" Les mycorhizes associées à l'acacia possèdent donc une grande aptitude à restaurer la végétation des sols appauvris". Mais pour M. Fortes, les acacias... FAUT LES COUPER, point ! Lui, IL SAIT ! Il le voit bien, il n'y a plus d'eau dans le puits...

L'Acacia senegal dont on connaît 4 variétés est très présent au Sahel... Ah oui! J'ai oublié de préciser depuis le début que le Cabo Verde fait parti du Sahel. (web) Il en a le climat aride et sec... L'exsudat (la sève si vous voulez) de cet Acacia senegal est aussi la principale source de gomme arabique dont on se sert pour le collage des étiquettes, des enveloppes ou des timbres, voire du papier à rouler pour les fumeurs, même si fumer est dangereux pour la santé. (web)
Ce que note de son côté Daphna Uni et son équipe, c'est la grande adaptabilité stratégique des acacias pour leur utilisation de l'eau, qui dépend de leur milieu.  web) Certains genres, tels l'Acacia nilotica ou le Prosopis pallida, sont capables de s'adapter même à de l'eau salée.  web).

On ne peut malheureusement décrire plus en détail l'absurdité des propos des "agriculteurs monsantoesques" de Calhau. Mais on peut trouver une première liste succincte des variétés répertoriées au Cabo Verde ("Lista de taxa exótico naturalizados em Cabo Verde") dans le mémoire de maîtrise de Cláudia Maria de Barros Fernandes, Flora exótica de Cabo Verde: avaliação e impactos nos ecossistemas naturais, utilizando sistemas de informação geográfica (2008, Lisboa: Universidade de Lisboa, p. 69-108)
Pour l'île de São Vicente, elle mentionne, en matière d'acacias, les Acacia farnesiana (L.) Wild (appelés localement "ácacia-esponja") et des Acacia nilotica (L.) Wild. ex. Del. subsp. indica (Benth.) Brenan (appelés localement "ácacia" ou "espinheiro-preto"). Et puis, on trouve aussi, ce que les locaux appellent "acacia", à savoir:

  •  des Parkinsonia aculeata L. (aussi appelé "acacia-espinheiro), pour utilisation fourragère ou alimentaire, ou encore la silviculture
  • des Leucaena leucocephala (Lam.) De Wit, pour utilisation médicinale et fourragère
  • des Prosopis juliflora (Sw.) DC. (aussi appelé "ácacia americana") pour utilisation économique (bois) et reforestation
Pour une liste plus complète et une étude plus scientifique, il faut se reporter au travail de Maria Cristina Duarte et al. qui ont publié, tout récemment,  dans la revue Plants, un article intitulé "Diversity of useful plants in Cabo Verde Islands: a biogeographic and conservation perspective" (vol. 11, n° 10 (2022) - web)). L'équipe a identifié "518 useful taxa, of wich 145 are native, 38 endemic and 44 endangered". Mais plus encore, le constat est que la biodiversité du Cabo Verde est menacée par les activités qui répondent aux besoins humains. Donc, en fait, il faut trouver un équilibre entre la suppression des arbres qui empêchent les agriculteurs de gagner leur vie et la suppression des agriculteurs qui empêchent la Nature de rétablir une biodiversité utile et nécessaire, autrement dit un équilibre viable.
Considérons les acacias. L'étude répertorie les variétés suivantes:

  • Acacia caboverdeana (appelé couramment "espinheiro-branco" et les fruits neu-neu"). Il sert au fourrage, au bois de chauffe et de matériel utilitaire.
  • Sesbania pachycarpa (appelé couramment "acácia-sizinanthe", "sesinanthe" ou "ticorne-se"). Il sert au fourrage.
  • Vachellia nilotica subsp. adstringens (appelé couramment "acácia"). Il est mellifère et sert de plante ornemental et pour un usage environnemental.
  • Acacia bivenosa, pour un usage environnemental.
  • Acacia brachystachya, pour un usage environnemental.
  • Acacia cyclops, pour un usage environnemental.
  • Acacia holosericea (appelé couramment "alosericia" ou "oredjona"). Mellifère, il a aussi un usage environnemental.
  • Acacia longifolia, pour un usage environnemental.
  • Acacia mearnsii, pour un usage environnemental.
  • Acacia pycnantha, pour un usage environnemental.
  • Acacia salicina, pour un usage environnemental
  • Acacia saligna, pour un usage environnemental.
  • Acacia victoriae, pour un usage environnemental.
  • Delonix regia (appelé couramment "acácia-rubra"). Mellifère, il est surtout ornemental.
  • Leucaena leucocephala (appelé couramment "acácia", "acácia-leucena", "linhaça", "linhacho" ou encore "sementinha-da-terra"). Mellifère, il sert de bois de chauffe.
  • Parkinsonia aculeata (appelé couramment "acácia", "acácia-espinheiro", "acácia-martins" ou encore "espinho-branco"). Mellifère, il sert de bois de chauffe et pour un usage environnemental.
  • Prosopis juliflora (appelé couramment "acácia-americana" ou "algaroba"). Mellifère, il sert de bois de chauffe, ou à usage ornemental ou environnemental.
  • Vachellia farnesiana (appelé couramment "acácia-esponja", "aroma", "espinheiro-branco" ou "espinheiro-preto", "espinho-branco" ou "espinho-preto", "esponjeira", "imbulda" ou enfin "perfume"). Mellifère, il sert pour un usage ornemental ou environnemental, voire pour du matériel.
  • Vachellia nilotica subsp. indica (appelé couramment "acácia", "espinheira", "espinheiro-preto" ou "espinho-preto"). Il a le même usage que le Vachellia farnesiana, mais sert aussi de bois de chauffe ou de fourrage.
  • Moringa oleifera (appelé couramment "acácia-blanco", "acácia-branca" ou "moringa"). Il sert de nourriture, de bois de chauffe, pour du matériel ou à usage ornemental.
L'acacia apparaît comme le genre le plus diversifié au Cabo Verde (avec même une variété endémique, était-elle là avant ou après nos agriculteurs?) et c'est aussi le genre le plus présent (avec 11 taxons).

Bon d'accord, on est un peu dur avec les agriculteurs de Calhau qui veulent juste défendre leur moyen d'existence et faute d'aide de l'administration concernée (le MAA) et du Gouvernement, cherchent un bouc-émissaire parfait, trouvé en la personne de M. Acacia, et ce même s'ils sont incapables de préciser quel genre d'acacia(s), un peu comme les racistes français parlent des "musulmans" ou des "arabes", mélangeant tout. Pour eux, un "musulman" a obligatoirement une tête d'arabe, même si le pays à plus forte population musulmane est l'Indonésie qui, sauf erreur de ma part, n'a rien d'arabe à par peut-être sur Twitter-X. Et inversement, un "arabe" est forcément musulman, même s'il existe des habitants originaires du Maghreb ou du Moyen-Orient qui sont chrétiens (catholiques, protestants, orthodoxes, coptes...), voire juifs. Wiki nous apprend que "Les chrétiens arabes sont estimés entre 900'000 et 1'630'000 en Syrie, 1'640'000 à 3'500'000 au Liban, 140'000 à 152'000 en Jordanie, 7'500'000 à 8'000'000 en Égypte, 636'000 en Irak, 133'130 en Israël et 50'000 en Palestine." (web) Voilà qui ne fait pas l'affaire des racistes et quoi de plus naturel, dans ce cas, de nier ou d'ignorer.
Nos agriculteurs cabo-verdiens font un peu de même avec les acacias. Les acacias poussent, perdurent, ne semblent pas souffrir terriblement du manque d'eau, cette eau qui manque car il ne pleut pas ou peu depuis plusieurs années, et que l'eau de pluie, comme le signale le jeune agriculteur de la vidéo Inforpress, n'est pas retenue faute d'infrastructures. Comment dès lors, l'acacia ne pourraient-ils pas être coupables? Nos agriculteurs ne se rendent pas compte que le taux d'humidité au Cabo Verde est généralement autour des 90% (c'est donc un archipel entouré... d'eau, même si elle est salée) et que si eux ne savent que faire de cette humidité ambiante, les arbres, eux, le savent très bien. Eh oui!

Conclusion et solutions
Tout d'abord, on ne peut pas en vouloir totalement aux agriculteurs de Calhau, même si leurs propos sont extrêmement énervants et sans fondement. Ils font avec ce qu'ils ont et ce n'est, pour sûr, pas beaucoup. En revanche, ce qui est sûr et certain, c'est qu'ils ont besoin d'aide, de conseils, de formations, mais personne ne leur accorde d'attention. Ni les politiques, ni les scientifiques, ni les ONG...
Ensuite (et peut-être surtout), il faudrait aussi apprendre aux journalistes cabo-verdien(ne)s a mieux faire leur travail de journaliste. Ca veut dire que lorsqu'ils/elles font leur reportage, leurs interviews, il faut qu'ils/elles préparent leur sujet en profondeur, qu'ils/elles fassent un minimum de recherche sur le sujet, et ne se contentent pas de présenter un micro et d'enregistrer autour d'un verre de grogue ou de soda. Pour ce bref post it, il nous aura fallu moins de 3h pour rédiger et chercher les infos pour compléter nos dires. Donc, ce genre de recherche est largement faisable par tout(e) diplômé(e) de l'enseignement supérieur. Or, dans son "reportage" fort dommageable, Carina David et Sidnea Newton se contentent de relater les propos des agriculteurs. Point. Il n'y a aucune mise en contexte précise, aucune analyse journalistique ou scientifique qui vient appuyer, infirmer ou confirmer les propos tenus. On est un peu sur un blog Facebook, ce qui est tout, sauf du journalisme. Quant au rédacteur ou la rédactrice en chef d'Inforpress qui a autorisé la publication de ce texte, que dire? Il/elle est encore moins qualifié(e) que nos deux apprenties journalistes. C'est le travail d'un rédacteur/trice en chef de demander plus, de guider, de faire aboutir un article ou un reportage. Là, on a une sorte de "micro-trottoir" pour réseaux sociaux et encore, le texte est trop long, donc même pour les réseaux sociaux ce "reportage" est mauvais.

Enfin, outre le fait que le Gouvernement doit aider les agriculteurs au plus vite pour tendre le plus possible vers la souveraineté alimentaire (même si le Cabo Verde ne peut l'atteindre en l'état actuel), il doit aussi les former, du moins les jeunes générations. En fin de son ouvrage Utopies réalistes, Rutger Bregman prenait conscience des limites de sa vision en expliquant que lorsque l'on croit en quelque chose (un dieu, une idée politique, un fait scientifique (la terre est plate)...), on finit par se persuader que C'EST la vérité (genre "acacia seca aguà!") et tout argument qui va à l'encontre est réfuté ou ignoré. L'humain ne parvient pas à ce stade à se remettre en cause. Donc les agriculteurs d'un certain âge penseront toujours que les arbres sont néfastes à l'agriculture, alors que c'est tout l'inverse, et on ne pourra rien y changer. C'est leur vision, plus profondément enracinée que les acacias du Cabo Verde. De même, ils continueront jusqu'à leur mort a planter sur une terre totalement nue pour éviter que les "mauvaises herbes" (les pousses d'acacia par exemple) ne prennent l'eau et les nutriments et empêchent le bon résultat de leur récolte. Or, on sait aujourd'hui que pour que le sol soit sain et riche, il ne faut jamais le laisser à nu, jamais. Il faut le pailler ou le recouvrir de tel sorte que l'humidité s'évapore le moins possible. Les "mauvaises herbes" ne pourront pas pousser aussi vite que les plants et seront fragilisés. Les organismes vivants sur et surtout dans la terre seront protégés, et les champignons, si utiles aux plantes dans un incroyable échange symbiotique, pourront se développer et entreprendre des alliances utiles à tous. Sans oublier, enfin, la limitation importante de l'érosion et la latéralisation du sol, cause première des plantations des acacias au Cabo Verde.
Donc, pour les anciens qui le souhaiteraient, mais surtout pour les jeunes générations d'agriculteurs, le Gouvernement, à travers le MAA, doit absolument proposer des formations. Ces formations doivent être simples. Pas besoin d'un cours de botanique universitaire. Ce n'est pas là l'attente ni l'intérêt des agriculteurs. Mais des cours (des vidéos de 5 ou 10 min.) qui expliquent succinctement comment les plantes fonctionnent, comment la vie dans le sol fonctionne, comment l'eau est utilisée par les plantes, comment elle s'évapore et est redistribuée autour des arbres ou tout simplement "qu'est-ce qu'un arbre". On sait depuis peu que les forêts en bord de mer sont le maillon essentiel des forêts continentales. Pourquoi? Parce qu'elles démarrent le cycle de l'eau, elles créent une dynamique qui fait que l'eau peut aller de l'océan vers l'intérieur des terres. Supprimer les forêts côtières et les forêts intérieures sécheront et dépériront. C'est ce qui arrive en ce moment en Amazonie.
Ce sont ces informations dont ont besoin les agriculteurs d'aujourd'hui: comment cultiver avec le vivant environnant (plantes, animaux ou champignons), pas quelle quantité de pesticide ou de fongicide il faut au mètre carré ni à quelle profondeur retourner la terre. L'idéal serait, en fait, de ne pas retourner la terre, de cultiver avec un sol déjà habité de plantes et de profiter des insectes qui font un incroyable travail pour enrichir, aérer le sol.
Et puis surtout, le gouvernement doit faire en sorte de casser le patriarcat machiste qui fait qu'au Cabo Verde, ce sont les hommes qui cultivent. Qu'ils aillent s'occuper des enfants et faire la cuisine. On rigole bien sûr, ils en seraient incapables (et n'oseront jamais l'avouer). Mais les formations doivent aussi être destinées aux femmes qui doivent avoir un véritable accès à la terre, ce qui n'est malheureusement pas le cas aujourd'hui. Dans tous les projets mis en place par le Gouvernement d'Ulisses Correia e Silva ces dernières années, on ne considère que les hommes. Ce sont les ONG qui, sur Santo Antão, font un travail auprès des femmes intéressées par l'agriculture ou la viticulture par exemple.  (web)
Il est temps de mettre fin au machisme latent, aux vieilles "coutumes" patriarcales surannées, pour enfin atteindre l'équilibre non de la parité, mais de l'équité. Que les femmes et les hommes puissent produire avec les mêmes moyens, les mêmes connaissances, si elles/ils en ont envie. Et alors la prospérité du Cabo Verde pourra être plus qu'un leurre, plus qu'un rêve, mais une réalité tangible.

Donc, pour en finir avec ce post it, non à l'abattage des acacias. Au contraire, le Gouvernement doit entreprendre d'urgence des campagnes d'arborisation sur chaque île, avec l'aide de la population. (web)
Donc oui, à la formation des agriculteurs, avec l'aide du Gouvernement, des scientifiques et des ONG.
Donc oui, à la formation urgente des journalistes, pour qu'ils offrent enfin une information digne de ce nom et pas du populisme en boîte pour réseaux sociaux !

Christophe Chazalon
Genève, le 30 janvier 2024
revu le 03 février 2024

Pé di Polon, le plus grand arbre du Cabo Verde sur Santiago

(photo Got2Globe - web)

Cabo Verde: la 3e Guerre Mondiale, au fond du couloir à gauche ! (2024)

Allons-nous faire notre Cassandre en ce début d'année? Non, car qui peut prédire l'avenir. Cependant, depuis quelques semaines, voire mois, les indices sont de plus en plus clairs: tout est prêt pour que nos dirigeants fassent mumuse avec la chair humaine du peuple, calfeutrés dans leurs palais, à manger ortolans et caviar et décider du sort de l'Humanité, une coupe de champagne à la main. Ce qui est bien lorsque l'on dirige un pays, c'est que la guerre peut éclater, on est assuré de la suivre dans le confort et loin des privations populaires. C'est ça la guerre en vrai: un jeu pour hommes au pouvoir qui parient que leur quéquette est plus grande que celles des autres (officiellement traduit dans les médias pas l'expression "pour l'honneur du pays"). L'affaire Lewinsky montre bien à quel point les quéquettes sont une affaire d'État si besoin. La virilité masculine et le patriarcat des machos connexe sont essentiels pour l'avenir du pays. Il suffit de voir les photos de vacances de Poutine ou Kim Jong-Un pour s'en convaincre, sans oublier les lois "super-mâles" de Xi Jinping qui veut que les hommes testostéronent à plein régime pour qu'il y ait de la chair à donner aux canons dans le cadre de son GRAND projet qui n'a de grand que la faible quantité de neurones qui l'ont créé. Eh bien entendu, lorsque l'on parle ici des hommes, il s'agit des hommes mâles. Les femmes dirigeantes, si rares malheureusement, ne font pas mumuse à la guerre. Question d'empathie maternelle plutôt que d'absence de quéquette !

Des signaux inquiétants
Ce préambule acerbe, vulgaire et ô combien réaliste cependant s'applique à merveille aux hommes qui nous dirigent en ces années 2020. Vous avez des doutes ? Prenez la poignée de main de Trump et Macron !  (web)
Alors la 3e Guerre Mondiale pour quand me demanderez-vous ? Peut-être pour jamais. Ce qui nous inquiète toutefois ici ce sont les dernières annonces de certains dirigeants européens ou de hauts responsables militaires qui, associées à l'état des lieux des économies des BRICS et des prises de position de leurs dirigeants cimentent les bases d'une catastrophe à venir. Petit retour en arrière, à l'aube du XXIe siècle (pour le siècle précédent, consulter les livres d'Histoire) :

  • 2001: Jim O'Neill, économiste de la puissante banque Goldman Sachs s'il en est, créait l'acronyme "BRIC" pour réunir le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine, quatre pays en voie de développement avancé, à l'économie émergente dynamique. Or ce concept va, "en l'espace d'une dizaine d'années, prendre corps et s'imposer au point de bousculer les représentations de l'international".  (web) Le but affiché: limiter l'emprise de l'Empire sur le plan diplomatique international et économique ou, dit dans un langage diplomatique: "coordonner les pays du Sud global afin de défendre leurs intérêts". Rien que de très louable et de légitime en somme, sauf que... Sauf que la majorité des BRICS, aujourd'hui, sont des pays autocratiques, dictatoriaux ou, au mieux, des démocraties bancales à l'avenir incertain, qu'il s'agisse de l'Inde, de l'Afrique du Sud, de l'Argentine, voire du Brésil.
    • 2006 : formation du club diplomatique des BRICs sur une initiative russe aux Nations Unies. (web)
    • 2009 : premier sommet des BRICs à Iekaterinbourg
    • 2011 : invitation de l'Afrique du Sud au 3e sommet à Sanya qui intègre le groupe prenant le nom dorénavant de BRICS
    • 2024 : admission de 6 nouveaux membres (Arabie Saoudite, Argentine, Egypte, Émirats Arabes Unis, Éthiopie et Iran)  (web)
  • 2022 : invasion de l'Ukraine par la Russie.
  • 2023 : Le 16 décembre, le ministre de la Défense allemand prône le réarmement de l'Europe, à la suite du constat que les sanctions contre la Russie ne fonctionnent pas et plus encore, avec la crainte d'une réélection de Donald Trump en novembre 2024.  (web) Dans une interview accordée au journal allemand Welt am Sonntag, il explique que "les menaces [ndlr: de Vladimir Poutine] envers les États baltes, la Géorgie et la Moldavie doivent être prises très au sérieux." [...] Il ne s’agit pas de simples menaces dans le vent. Nous pourrions être confrontés à des dangers d’ici la fin de la décennie." (web)
  • 2024 : les prises de position se multiplient:
    • 05 janvier: nouveaux tirs d'obus de la Corée du Nord sur deux îles frontalières sud-coréennes. "Les signes d'une menace nucléaire bien réelle"  (web)
    • 12 janvier: le ministre suédois de la Défense civile, Carl-Oskar Bohlin, et le commandant en chef des forces armées, Micael Byden, "ont exhorté les Suédois à se préparer à une guerre avec la Russie".  (web) Cette annonce qui a déclenché une vague d'angoisse auprès de la population (en particulier des jeunes) fait simplement suite à un rapport du ministère de la Défense publié en juin 2023.
    • 16 janvier: Kim Jong-un dissout des agences en charge de la réunification des Deux Corées.  (web)
    • 16 janvier: fuite d'une note confidentielle de l'armée allemande, intitulée "Alliance défense 2025" et dévoilée par le journal allemand Bild qui montre que "l'Allemagne se prépare sérieusement à une attaque russe sur le flanc Est de l'OTAN", scénario selon lequel "la guerre en Ukraine pourrait dégénérer en conflit global en quelques mois.  web)
    • 19 janvier: le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, annonce, dans le quotidien allemand Der Tagesspiegel, que Poutine pourrait attaquer l'OTAN. "Nos experts, dit-il, s'attendent dans cinq à huit ans à une période au cours de laquelle cela pourrait être possible".  (web)
    • 20 janvier: le président du Comité militaire de l'OTAN, l'amiral Rob Bauer, "a estimé que l'organisation internationale pourrait être amenée à entrer en guerre contre la Russie sous 20 ans" et il a demandé "aux civils et aux autorités de se préparer à ce cas de figure".  (web)
    • 24 janvier: le chef de l'armée britannique, Peter Sanders, veut former une "armée de citoyens" face à la menace russe, en faisant référence à la crise de juillet 1914 qui entraîna le monde dans la Première Guerre mondiale.  (web)
    • 09 février: Kim Jong-Un promet de "mettre fin" à la Corée du Sud en cas d'attaque  (web).

Nous pourrions proposer encore plus de dates et d'annonces, mais là n'est pas l'intérêt.
Toutes ces annonces ont pour but de préparer les populations à l'éventualité d'une guerre, mais surtout et avant tout, elles visent à faire passer auprès de l'opinion publique une hausse massive des budgets d'armement des pays concernés, à l'exemple de la Suède qui va investir 2% de son PIB dans ce domaine, soit le double du bugdet de 2020, suivant en cela les recommandations de l'OTAN. Il est donc temps d'acheter des actions de fabricants d'armes. C'est le bon moment !

Chine - Russie même combat: le maintien au pouvoir de deux autocrates
Pourquoi intégrer cependant la Corée du Nord dans cet ensemble ? Tout le monde sait que la Corée du Nord fournit actuellement des armes à la Russie, en particulier des missiles balistiques  (web), et que par ailleurs, elle ne respecte pas les sanctions contre la Russie. Mais la vraie question est plutôt de savoir pourquoi la Russie et la Chine, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et plus encore après la fin de la Guerre Froide, soutiennent toujours autant le dirigeant nord-coréen, Kim Jong-un et ses projets de développement de la bombe nucléaire ?  Protégée par les deux super-puissances nucléaires que sont Chine et Russie, la Corée du Nord n'a nulle besoin de posséder elle-même l'arme nucléaire. Alors dans quel but lui octroie-t-on ce pouvoir? Le scénario peut paraître fantasque et lunatique, mais selon nous, la Corée du Nord pourrait avoir un rôle à jouer dans le conflit qui se prépare. Kim Jong-un est un chien fou, un dirigeant détraqué, complètement égocentrique et paranoïaque, buvant du Pétrus et achetant armement sur armement, alors que son peuple meure de faim. C'est du moins l'image qui parvient jusque à nous. Imaginons qu'un jour de démence supérieure à la normale, trop de viagra, de coke ou de mégalomanie colérique, notre détestable Kim appuie sur le bouton et fasse exploser un missile nucléaire (ou plusieurs) sur la Corée du Sud. Imaginons simplement. Que se passerait-il ensuite? On vous laisse imaginer. La seule chose qui nous intéresse ici, c'est la position de la Chine et de la Russie dans ce cas de figure très précis. Sont-elles coupables? Si oui, de quoi? Kim est fou. Kim est libre de décider ce qu'il veut. Il dirige son pays et aucune ingérence étrangère ne peut lui dicter ses choix. Donc, la conclusion sera: Chine et Russie n'y sont pour rien. Soit.
Mais que feront-elles si cela arrive?
La Russie est en conflit avec l'OTAN, donc l'Empire, car son dirigeant tout aussi mégalomane que le précédent rêve de devenir le nouveau tsar et de réunir les pays comme au temps de la grande Russie. Dans les faits, chose que l'Empire n'a toujours pas comprise, bien malheureusement, Poutine est vexé de ne pas être considéré comme un égal des dirigeants de l'Empire ni d'avoir été intégré. Fait amusant, il en est de même de Xi Jinping, le plus grand de nos mégalomanes égo-centrés actuellement en poste, qui lui aussi rêve, d'une part, de la réunification de la grand Chine d'antan, surpassant le Magnifique Mao, le vrai père du peuple chinois qui lui fait de l'ombre, et qui, d'autre part, n'a toujours pas digéré la honteuse déconfiture de les guerres de l'opium (1839-1856 / 1860) durant lesquelles les Chinois ont été totalement ridiculisés par les futurs membres de l'Empire (GB, US et FR), allant jusqu'à cédé le territoire de... Hong Kong aux Britanniques. Tout est là ! Une question d'ego de mâles au pouvoir. Rien de plus. On pourra parler de rétablissement de la balance macroéconomique, de l'équilibre géopolitique, de régulation de la crise diplomatique Nord-Sud, de promotion du peuple souverain face à la vague woke et l'univers de l'Individu naissant, de lutte idéologique, de tout ce qu'on veut. Au final, Poutine, Jinping et les autres veulent juste montrer qu'ils sont les plus forts comme dans une cour d'école. Et pour cela, ils ne voient aucun problème à déclencher une guerre dévastatrice, qu'elle soit sur le mode traditionnel ou sur le mode indirecte et larvé (destruction d'infrastructures énergétiques, de câbles internet, trucage d'élections, soulèvement de minorités, soutiens financiers aux groupuscules d'extrême droite, propagation de virus informatiques, déstabilisation de pays en difficulté, etc.) La faute à qui? Sans aucun doute possible... à l'Empire. Les USA, l'Europe,le Canada, l'Australie et le Japon dirigent le monde depuis la fin de la Guerre Froide, voire la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce sont les véritables vainqueurs au détriment de la Russie et de la Chine qui, elles aussi, ont participé (et à quel prix) à la victoire sur le nazisme. Le capitalisme de l'Empire, devenu depuis néo-libéralisme (ou plutôt post-libéralisme), a supplanté le communisme chino-soviétique, devenu le socialisme néo-libéral. S'il est indéniable que le capitalisme a sorti la moitié de la population mondiale de la pauvreté et que l'on peut lui imputer de grandes réussites (espace, médecine, industrie...), il n'en est pas moins vrai que ce même capitalisme, ou plutôt sa résultante, le néo-libéralisme, a ignoré, pour ne pas dire méprisé, les courants de pensée différents. Malgré leur développement fulgurant, Russie et Chine, mais aussi Inde et Brésil ont été laissé pour compte. On ne parle même pas des pays d'Afrique qui eux sont juste des réservoirs à matière première dirigés par des pantins de l'Empire et ce, aujourd'hui encore, excepté quelques pays... Mali, Burkina Fasso, Niger (sous influence russe ou chinoise?)
Il ne s'agit pas de légitimer ici les actes de Poutine ou Jinping, mais bien d'essayer de comprendre pourquoi ils agissent ainsi.
Donc que feront Russie et Chine, si la Corée du Nord attaque la Corée du Sud ? L'Empire, lui, va riposter diplomatiquement à l'ONU pour sûr, mais peut-être aussi militairement, pour l'image. Cependant, considérant le protectorat dont bénéficie la Corée du Nord, la riposte sera comme celle offerte face à la guerre perpétrée par Israël en ce moment en Palestine. On critique, mais au final, on laisse faire. Par ailleurs, l'Empire, par l'intermédiaire de l'OTAN est déjà pris sur le front Ukrainien. Que pourra-t-il faire contre une Chine qui profiterait de l'occasion pour envahir Taïwan ? Des sanctions économiques peut-être, mais certainement pas une action militaire, car là, pour le coup, la 3e Guerre Mondiale serait effective. Il faut comprendre que Taïwan n'intéresse pas tant Xi Jinping pour son territoire ancestralement rattaché à la Chine continentale, du moins soi-disant (web), mais pour son industrie de micro-processeurs, pour laquelle elle est simplement le leader mondial incontesté. C'est d'ailleurs pourquoi l'invasion n'a pas encore eu lieu. Il ne peut être question d'une guerre traditionnelle comme en Ukraine ou en Palestine, dans le sens où ladite industrie risquerait d'être touchée et donc de devenir inutile ou de prendre du retard. Politiquement c'est tout aussi impossible comme l'ont montré les dernières élections présidentielles. La seule solution pour Xi Jinping serait un coup d'État comme en Afrique où les dirigeant taïwanais seraient arrêtés ou tués par un groupe de forces armées ou para-militaires. À suivre...
Quoi qu'il en soit, l'Empire aura du mal à combattre sur plusieurs fronts simultanément, car si l'Empire veut s'armer activement, la Russie n'est pas en reste. Le 26 octobre 2023, la Douma a approuvé, en première lecture (320 voix contre 80) le projet de loi du budget 2024-2026 qui comprend une hausse de 70% des dépenses militaires. (web)
Cependant, plus que sur les dépenses militaires, il faut compter sur les résultats des élections à venir ces prochaines années. 50% de la population mondiale va voter rien que cette année. Trump, Le Pen et consorts au pouvoir d'ici 2030, et Poutine - Jinping n'auront pas besoin de passer par les armes. L'Empire sera infesté de l'intérieur, la démocratie en paiera les frais, mais évitera la dévastation terrifiante d'une guerre généralisée. D'où d'ailleurs, le soutien indéfectible russo-chinois aux partis d'extrêmes droite de l'Empire et aux campagnes de cyberattaques électorales, ainsi que les dynamiques actions économico-diplomatiques dans les pays du Sud, en particulier sur le continent africain pour augmenter les soutiens à une vision autocratique de la gestion de l'Humanité. 

Et le reste des BRICS alors?
Nombre des membres de BRICS sont soit des pays à la politique bi-partisane très marquée (socialistes vs néo-ultra-libéraux, hindous / bouddhistes vs musulmans, etc.) soit des pays du monde arabe. Pour les premiers, si un président néo-libéral et d'extrême droite ou populiste est au pouvoir, il sera automatiquement favorable à la vision autocratique du duo Chine - Russie. Car cette vision vise à réduire à néant l'application des droits de l'homme, à manipuler les masses afin de favoriser la classe dirigeante et les riches, à détruire toute forme de contestation (partis d'opposition, médias indépendants, etc.), à nier toute existence d'un droit de protection à la biodiversité ou à l'écologie, à réduire les femmes au rôle de mère et de femme au foyer, obéissante, esclave, soumise, etc. L'Argentine de Javier Milei, le Brésil de Bolsonaro, l'Amérique de Trump, l'Inde de Modi etc. sont les exemples types de ce genre de politique.
De l'autre côté, l'Empire est confronté aux pays arabes, souvent dits "musulmans" (même si l'Indonésie ou la Malaisie n'ont rien d'arabe). Au début du XXe siècle, nombre de pays qui deviendront membre de l'Empire ont décidé d'une scission entre Église et État. Même si l'influence des "églises" est toujours très forte dans tous ces États, dans les faits, ceux-ci se veulent laïcs, autrement dit la religion ne doit pas interférer directement dans les décisions politiques et les lois. Il en va tout autrement dans les pays musulmans, et donc arabes, où religion et politique sont très fortement imbriquées. Cela ne posait pas trop de problème jusqu'au début du XXIe siècle et l'avènement de l'ère numérique. Non seulement les pays arabes étaient relégués au simple rôle de pays fournisseurs de pétrole ou d'uranium pour ceux qui en possédaient, mais en plus ils n'avaient pas beaucoup de poids sur le plan géo-politique, du moins pour l'Empire. Or, plusieurs facteurs ont changé la donne depuis au moins deux décennies:

  • les guerres en Irak: totalement illégales sur le plan international, elles ont été imposées par les USA sans aucune demande des populations concernées et pire sur des motifs totalement fallacieux, telle que la présence d'armes de destruction massive qui n'ont finalement jamais été trouvées... tout simplement parce qu'elles n'ont jamais existé que dans l'imaginaire tordu des dirigeants américains de l'époque. Quoi qu'il en soit, ces guerres, en plus de celle d'Afghanistan, ont eu un impact dévastateur sur les populations du monde arabe qui y a vu le plus grand mépris possible de la part de l'Oncle Sam tout puissant et de ses alliés. Ces guerres sont la cause première, voire unique, de la vague de terrorisme dit "musulman" qui sévit de manière exponentielle partout dans le monde depuis le 11 septembre 2001, attentats après lesquels les USA ont bafoué (et par là détruit) tous les recours aux droits internationaux possibles, laissant la porte ouverte, dans la plus grande impunité, à la guerre en Ukraine, à la destruction actuelle de la Palestine ou à l'invasion de Taïwan à venir.
  • le numérique: son avènement, et plus encore celui du WEB et de la téléphonie mobile qui l'accompagne, ont révolutionné le monde. L'empire en premier lieu, mais également jusqu'aux pays pauvres. Seulement, ces avancées technologiques servent essentiellement à la croissance des pays riches et à leur maintien à la tête du pouvoir international. En sont exclus les pays pauvres et moindrement les pays en voie de développement. On le voit avec les classements internationaux des établissements d'enseignement supérieur et les revues scientifiques, les prix Nobel (autres que ceux de la Paix ou de la littérature), les GAFAM. Tous sont créés par l'Empire pour l'Empire. 
  • le dernier homme ou le wokisme: les avancées technologiques vont de pair avec l'évolution de la vision de l'homme et de sa place dans le monde. Non seulement, l'humain n'apparaît dès lors plus au centre de l'univers, mais en plus l'homme mâle n'est plus non plus au centre de son univers. L'évolution technologique numérique a apporté avec elle l'impensable: "tous les humains sont égaux en droit", autrement dit l'homme mâle doit céder du pouvoir non seulement à la femme, mais aussi à l'enfant. Dans les sociétés de l'Empire, les droits de ces derniers sont toujours plus développés et importants. Même les animaux, et bientôt les plantes (avec la sauvegarde de la bio-diversité et la lutte contre le bétonnage des terres) ont eux aussi plus en plus de droits. Or, que se passe-t-il dans une société, telle que celle développée dans les pays musulmans, où l'homme mâle a tout pouvoir, est au centre de tout (en politique, au sein du foyer, au travail, dans la rue...) ? Au regard de la nouvelle société occidentale ouverte sur l'individu et ses droits, ses besoins, ses attentes, les sociétés musulmanes (mais aussi juive, voire hindouiste ou bouddhiste) apparaissent archaïques, sous - développées, en retard. Aussi, les hommes mâles de ces pays, dans leur majorité, confrontés à ces nouvelles valeurs et à l'impossibilité toujours plus grande de sortir du cercle vicieux de la pauvreté, ne trouvent plus leurs marques, leurs places, se bloquent, s'opposent, luttent. Cela se traduit par une recrudescence des extrémismes ou des associations masculinistes (anti-féministes ou misogynes) sur le plan individuel, ou un recul des droits des femmes comme dans plusieurs pays du Maghreb actuellement, sur le plan politique. C'est aussi la source principale de la montée des pays arabes contre l'Empire, en particulier à travers les BRICS, au sein desquels on retrouve, rappelons-le, l'Arabie Saoudite, l'Egypte, les Émirats Arabes Unis et l'Iran, des pays où il ne fait pas bon être né femme. Le changement imposé au monde par l'Empire (et les GAFAM) se trouve donc confronté à la réalité du terrain, à savoir qu'une bonne partie de la population mondiale n'est pas prête à sauter le pas et préfère le maintien de la Culture et des traditions ancestrales, mêmes si celles-ci vont à l'encontre des droits universels de l'humain et le bien être de la population.

Et le Cabo Verde dans tout ça?
Ah le Cabo Verde ! Petit pays, je t'aime beaucoup... Pour nous, c'est un fait certain. On l'aime beaucoup le Cabo Verde. Mais pour les USA, Israel, la Chine ou le Quatar, qu'en est-il ? 
Le Cabo Verde, c'est avec l'île Maurice, les deux pays les plus stables d'Afrique et où la démocratie à la mode impériale est la mieux établie. C'est d'ailleurs pourquoi non seulement l'ONU et ses filiales en prennent grand soin, à l'aide d'innombrables financements et aussi que les USA y ont installé une base militaire "privée". Quant à l'Europe, elle y est le premier investisseur, en particulier les anciens colonisateurs du Portugal, mais aussi l'Espagne, l'Italie et le Royaume-Uni. Lorsqu'on s'y intéresse de près, on est étonné de l'intérêt qui porte Israël. Il y a quelques semaines en arrière on a cependant pu comprendre pourquoi. (web). Mais l'un des pays les plus actifs au Cabo Verde actuellement, c'est la Chine. En fait, en 1975, le Cabo Verde a été libéré par les communistes du PAIGC. Donc, il y a un passif naturel concernant l'aide chinoise dans l'archipel. La Chine a financé par exemple la construction du Parlement cabo-verdien. Il y a quelques années était inauguré le campus de l'université publique cabo-verdienne, l'UniCV, à Praia et en ce moment, la Chine finance la construction d'une maternité toujours à Praia. Le Gouvernement d'Ulisses Correia e Silva soigne le grand ami chinois. En fait, on aime bien comparé le Cabo Verde à la Genève d'Ancien Régime. De l'Indépendance de 1536 à l'annexion napoléonienne de 1798, la cité de Calvin a toujours été en équilibre entre plusieurs les envies de ses grands voisins: le duché de Savoie, le royaume de France, les combourgeois bernois. Tous la convoitaient et pourtant jusqu'à l'arrivée des troupes napoléoniennes, Genève a toujours su préserver son indépendance. Comment y est-elle parvenue ? Tout simplement, par un jeu diplomatique constant qui consistait à complaire à chacun sans ne jamais céder l'essentiel : sa liberté. Pour cela, il fallait que les dirigeants de la Cité connaissent parfaitement la géo-politique locale tout autant qu'internationale et joue de la rivalité entre puissants. Au XVIe siècle, par exemple, François Ier interdisaient aux Bernois de soumettre Genève qu'il convoitait pour lui-même, mais en contre-point, les Bernois, principaux mercenaires de ce même François Ier, empêchaient le roi de France d'envahir la ville du bout du lac sous peine de ne plus lui fournir de mercenaires. L'équilibre était très fragile, car les Bernois avaient besoin de l'argent que rapportaient les mercenaires levés par le roi. Le Cabo Verde fait de même, qu'il risque d'être annexé, mais dans le jeu diplomatique Empire vs BRICS. Le Gouvernement tente de concilier (et jusqu'ici avec succès) la chèvre et le chou. Il accorde des privilèges incroyables aux USA avec la base militaire, d'un côté, mais caresse du poil la bourse des investisseurs chinois de l'autre, allant jusqu'à envoyé l'un des meilleurs ministres du Gouvernement comme ambassadeur en Chine.
Cependant, si une guerre éclate, de quel côté se penchera finalement le Gouvernement ? Et pour quelles raisons ? La guerre d'Indépendance de 1975 a montré qu'il ne fallait pas se fier aux apparences. Le Cabo Verde est un petit pays, certes. Son armée est très en retard sur le plan technologique, certes. Sa population est peu nombreuse et pauvre, certes. Mais cela ne l'a pas empêché de vaincre les colonisateurs portugais. En fait, à moins d'anéantir physiquement un pays et sa population, toute tentative de colonisation d'un pays par un autre est voué à l'échec sur le moyen ou le long terme. C'est ce que nous montre l'Histoire, en tout cas depuis le XXe siècle. Les colonisateurs ont tous été rejetés. La France a lutté inutilement en Indochine ou en Algérie dans des guerres parmi les plus sales de l'Histoire. Celle du Cameroun a été passée sous silence, mais ressortira en force d'ici la fin du siècle quand les historien(ne)s africain(e)s décideront enfin d'écrire leur propre version de leur Histoire ou de l'Histoire mondiale. Les USA ont mangé la poussière au Vietnam et en Afghanistan. Ils sont en train de la manger en Irak en ce moment. Les Russes n'ont pas fait mieux en Afghanistan ni même en Tchétchénie. Quant à la Chine de Xi JInping, elle a perpétré un génocide contre sa population Ouïghours, qui prendra certes une ou deux générations pour lui revenir tel un boomerang dans les dents, mais dont elle devra un jour ou l'autre payer le prix. Enfin, l'Israel de Netanyahou joue avec le feu en rasant la Palestine et laissant ses colons envahir la Cisjordanie. Son attitude irresponsable et injustifiée (les otages ne sont pas une excuse suffisante pour tuer 20 ou 30'000 civils, exécuter des dizaines de journalistes, raser des villes et des villages) ne fait qu'accroître le sentiment de haine des peuples musulmans et augmenter l'antisémitisme mondial, ce qui aura pour conséquence plus de terrorisme antisémite, voire le déclenchement d'une guerre générale au Moyen Orient.

Conclusion
On ignore s'il y aura ou non une guerre généralisée ces prochaines années. Ce qu'il y a de sûr en revanche, c'est qu'une telle guerre ne sert que les fabricants d'armes et quelques investisseurs peu scrupuleux (encore des hommes mâles). Le Cabo Verde évitera peut-être un conflit sur son sol, mais la population sera directement atteinte par le manque de nourriture et connaîtra de nouveau la famine, telle celle des années 1940, car l'approvisionnement extérieur ne sera plus assuré, déjà qu'aujourd'hui il est bancal.
La meilleure conclusion que nous ayons trouvé est de Michel Serres qui a connu la guerre, la vraie, lui, tout autant que son père et son grand-père. Il écrit en conclusion de son ouvrage pamphlétaire C'était mieux avant ! :

"Chères Petites Poucettes, chers Petits Poucets, ne le dites pas à vos vieux dont je suis, c'est tellement mieux aujourd'hui: la paix, la longévité, la paix, les antalgiques, la paix, la Sécu, la paix, l'alimentation surveillée, la paix, l'hygiène et les soins palliatifs, la paix, ni service militaire ni peine de mort, la paix, le contrat naturel, la paix, les voyages, la paix, le travail allégé, la paix, les communications partagées, la paix, le gonflement vieilli bouffi des institutions dinosaures...
... face à toi, ma Poucette si petite, si légère, si douce que je te vois parfois, comme un oiseau, un souffle spirituel. Ah ! si Grand-Papa Ronchon pouvait te foutre la paix..."
(Paris: Le Pommier, 2017, p., 94-95)

Christophe Chazalon
Genève, le 09/02/2024

Fête du Roi Momo: Suisse - Cabo Verde (2024)


En ce jour de fête, quoi de plus agréable qu'une musique de Carnaval pour redonner du baume au coeur, sans oublier que le Carnaval, c'est aussi une histoire de politique comme le montrent I SKARBONARI, nos Suisses italiens de Neuchâtel, avec leur Carnevale !

Mais dans notre coeur, reste toujours le Cabo Verde et la musique envoûtante du "Sabura sem frontera" de la zone de Cruzeiros do Norte de Mindelo, qui jamais ne pourra s'éteindre !

"... Nô fazêl bnit, cada um é d'se manêra
Nôs sabura ca tem
No ca tem frontêra
Na terra o na mar, ca tem parada
Na terra o na mar, ê tud ê bada
Na terra o na mar, ca tem parada
Na terra o na mar, ê tud ê bada
Ê tud ê bada, ê tud ê bada
Na terra o na mar, ca tem parada
Ê tud ê bada, ê tud ê bada
Na terra o na mar, ca tem parada !..."

"sabura" = "moment ou activité qui donne du plaisir ou apporte de la joie"



Christophe Chazalon
Genève, le 13/02/2024


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